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Réflexions sur la violence et autres textes

461 pages
Éditeur : Kontre Kulture
(2 avis)

19,00

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Introduction à l’économie moderne

UGS : LIV_229 Catégories : , Étiquette :

Georges Sorel (1847-1922) est un philosophe et sociologue français. Polytechnicien, ingénieur des ponts et chaussées, il publie différentes études sur des questions de météorologie, d’architecture, de physique, mais aussi d’histoire politique et religieuse. Ce n’est qu’assez tardivement, à quarante-six ans, que, démissionnant de son poste à Perpignan, il s’installe à Paris et affirme son engagement socialiste et marxiste, prenant appui sur ses lectures de Proudhon, Marx et Bergson dont il suit les cours au Collège de France. Il collabore à plusieurs revues marxistes françaises, et, après une phase réformiste, contribue, à partir de 1905, à l’émergence du syndicalisme révolutionnaire. En 1908,  il publie Réflexions sur la violence, Les Illusions du progrès et La Décomposition du marxisme.

Parus la même année, ces trois ouvrages – réunis ici dans leur intégralité – tournent autour d’un même axe : la grève générale doit être le but, l’outil, le « mythe » qui soulèvera les travailleurs qui n’ont que leur « violence » face à la force de l’État. Pour se libérer, ils doivent d’abord s’affranchir des sirènes des intellectuels qui, condamnant cette violence pour ramener les révoltes populaires vers une démocratie qui les sert, leur imposent une organisation politique et une culture qui leur sont étrangères. Ainsi, le monde ouvrier doit, par le syndicalisme révolutionnaire, trouver en lui les moyens et les ressorts de sa propre émancipation.

 

2 avis pour Réflexions sur la violence et autres textes

Simon

« C’est à la violence que le socialisme doit les hautes valeurs morales par lesquelles il apporte le salut au monde moderne. » p.196

Érigée pour lui en vertu émancipatrice face à l’illégitimité de la force étatique, la violence doit être désintéressée, permettre à la Grève Générale de se sublimer en une guerre sociale qui expurgera le monde du capitalisme, révélera aux yeux du monde l’héroïsme et l’honneur du prolétariat triomphant d’une bourgeoisie dont la veulerie s’est depuis longtemps substituée à ses origines conquérantes.

Marxiste hétérodoxe, Sorel témoigne de son adhésion indéfectible au concept fondamental de « lutte de classe » et du principe de la légitimité de la violence à lutter. Théorisant une synthèse entre les pensées de Proudhon et Marx, le syndicalisme révolutionnaire lutte pour l’émancipation du prolétariat bien que circonspect face au sens de l’histoire et son dénouement dont l’inéluctabilité supputée – tel un messianisme de substitution – dispenserait à tord les syndicalistes révolutionnaires d’user de raison et de lucidité. Le prolétariat n’est pas le nouveau peuple élu et il devra – s’il veut vaincre et s’affranchir de la tutelle oppressive que lui impose la bourgeoisie capitaliste -, ennoblir sa lutte d’héroïsme, d’abnégation et de dépassement de soi.

« En attendant les jours du réveil, les hommes avertis doivent travailler à s’éclairer, à discipliner leur esprit et à cultiver les forces les plus nobles de leur âme, sans se préoccuper de ce que la médiocrité démocratique pourra penser d’eux. » p.392

Si Sorel ne prône pas ouvertement l’abolition de l’État comme y aspirent les anarchistes, son hostilité est déclarée envers la plupart de ses institutions répressives. Sur ce point, il se distingue à la fois de Proudhon qui considérait l’État dans ses fonctions régaliennes comme impératif bien qu’en retrait dans l’économie afin de permettre le développement non pas d’une économie de marché capitaliste mais sociale ; et de Marx d’autre part qui considérait que celui-ci pouvait être transitoirement récupéré afin de permettre l’établissement du communisme.

Tchoubi

Sociologue d’aujourd’hui, je ne peux qu’être en accord avec les principales idées de Georges Sorel. Pierre Bourdieu a réactualisé ces idées en précisant le fonctionnement de cette “domination” des classes bourgeoises sur les classes dites populaires (notamment sur l’utilisation du langage comme outil de domination). L’on trouve de grands points communs entre les deux auteurs sociologues, et si Bourdieu se veut plus actuel et plus axé sur la linguistique, Sorel se veut plus engagé et plus général (tout en étant d’une précision impressionnante).

Sociologiquement, Bourdieu comme Sorel (ainsi que leurs adeptes) expliquent avec pertinence que les classes dominantes utilisent un outil de domination légitime : le dialogue, le langage. Les classes dominées (économiquement et surtout culturellement) n’étant pas “armées” pour faire face sur le terrain du dialogue aux classes dominantes, ne peuvent voir leurs revendications sociales satisfaites, si tant est qu’elles puissent véritablement les formuler dans le langage utilisé par les classes dominantes. C’est sur le terrain de la violence que les classes dominées peuvent se faire entendre, mais la violence populaire étant illégitime (indigne de l’homme civilisé et propre aux barbares primitifs) et condamnée, les classes dominantes sont protégées de ce qu’elles craignent le plus. La leçon de Georges Sorel étant de casser cette structure mentale associant la violence populaire à la barbarie, pour que les classes dominées parviennent à s’échapper de la domination bourgeoise. Ce système qui est le nôtre domine non par le fouet mais par la culture ; en faisant intégrer aux classes dominées que le seul moyen véritablement efficace de se faire entendre est illégitime, mauvais et malsain.

Oh oui, Georges Sorel est plus que jamais d’actualité. Son écriture est précise et abordable, bien qu’il faille s’accrocher pour en comprendre tout le sens. Les thèmes abordés sont très bien traités, et si l’on veut les aborder de manière plus actuelle et “scientifique” (j’adore ce mot, il impose le respect ; domination symbolique dites-vous ?), lisez du P. Bourdieu. Bien qu’A. Soral voue à ce dernier un mépris quasi total, les écrits de Bourdieu sont du domaine de l’incontournable pour ce qui est de la domination culturelle et symbolique des classes populaires par les classes bourgeoises.

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