Produit en 1998 par Claire Séverac, My Own Road est un album hommage à George Brassens, rassemblant des artistes anglophones aussi divers que Black Uhuru ou Jason Scheff du groupe Chicago.
Disponible en téléchargement :
- My Own Road / Slaughter (4:25)
- Beautiful Stranger / Misty oldland feat S.kiv (4:22)
- I Have the Honor / Jason Scheff of Chicago (3:47)
- Sirens of Fame / Zen cowboys (5:08)
- The Prayer / Jefferson starship (4:40)
- I Made Myself Small / Black Uhuru (3:53)
- Watch the Gorilla / Young MC (4:02)
- Beautiful Stranger / Misty Oldland (4:42)
- Sirens of Fame / Zen Cowboys (4:42)
- Watch the Gorilla / Rodney spanking Thomas (4:14)
- Friendship First / Asleep at the wheel (3:55)
- Lay Me Down by the Sea / Martika (4:25)
Genèse de l’album
Quand je suis arrivée à Los Angeles, David Soul m’a donné 2 conseils :
« Ne commence pas à aller à la plage ! » et « Si tu veux réussir à Hollywood, donne leur quelque chose qu’ils n’ont pas ! »…
J’ai compris très vite pourquoi :
Dans cette ville où les chauffeurs de taxi rêvent de devenir Brad Pitt et les serveuses de Mc Do, Madonna, tout est possible, mais la barre est placée très haut, la concurrence féroce, l’émulation incroyable. Sous le soleil de Californie, tout le monde travaille 18 hrs par jour, il ne faut pas être bon mais excellent !
Après avoir enregistré un album de duos avec Joseph William de Toto, Peter Beckett (Baby come back), David, Michael Mc Donald, James Ingram…. Je me disais de plus en plus que, pour être vraiment performant, il faut choisir……. J’avais commencé d’écrire pour d’autres artistes et d’enregistrer avec des musiciens prestigieux comme Barry Mann, Albert Hammond, James Donnellan, Jim Keltner, Jeff Lorber, Chet McCracken… Je décidai d’arrêter de chanter et de me consacrer à l’écriture.
Quand je revenais en France, le métier me traitait un peu comme celle qui était passée à l’ennemi avec toujours le même leitmotif : « les américains sont protectionnistes, on achète leur musique, ils méprisent la nôtre ! » C’est sûr qu’ils n’allaient pas acheter « la danse des canards » ou les copies de ce qu’ils avaient déjà… Mais « Donne leur quelque chose qu’ils n’ont pas » revenait dans ma tête…. j’allais prouver aux français que leur « pleurnicherie » était fausse.
La première artiste que les Etats-Unis n’avaient pas était Edith Piaf et j’ai co-produit avec Jacques Arnoul et un ingénieur du son mythique Humberto Gatica, un album « Tribute to Edith Piaf » avec Donna Summer, Pat Benatar, Corey Hart, Leon Russell… qui s’est vendu dans le monde entier. Je n’ai pas eu grande reconnaissance des éditeurs de musique français mais j’ai décidé de renouveler l’expérience avec Georges Brassens (parce qu’il le valait bien !)
J’ai d’abord traduit tous les textes, ce qui n’est pas une tâche facile, tant il y a de subtilités, de provocations et de travail d’orfèvre dans l’œuvre de Brassens mais c’était un extraordinaire challenge.
Pour trouver les artistes, ça a été encore plus compliqué : autant tout le show biz américain connaissait Piaf, autant il ignorait Brassens ; « Who the fuck is Georges Brassens ? » est la réponse que je recevais le plus fréquemment, ne comprenant pas pourquoi je voulais rendre hommage à un inconnu ! Il n’était pas possible non plus de faire écouter les titres de Brassens tels qu’il les avait chantés ; en pleine époque du « son », le guitare-contrebasse- voix ne parlait pas aux artistes. Il a donc fallu faire des maquettes dans le style des artistes qu’on espérait avoir, en rock, en rap, reggae….
Ma première surprise fût de réaliser que Brassens n’était pas qu’un auteur mais un mélodiste génial. En français, chanté par lui, ça paraît très monocorde, sur 3,4 notes mais, en travaillant sur ses titres, on s’aperçoit que les mélodies sont très riches et qu’il faut parfois une téciture étendue pour les chanter.
Après, le plus drôle était de voir les réactions des artistes à l’écoute des textes. Il faut savoir que les Américains ont des textes beaucoup plus traditionnels que nous. Contrairement à la France où le jeu consiste à assembler les mots différemment pour dire « je t’aime » ou les choses les plus banales avec originalité ; en anglais, l’écriture reste toujours assez classique. Aux studios Westlake où j’enregistrais certains titres, il y avait à la même époque Quincy Jones et Michael Jackson, Simple Minds, Richard Marx… et l’on se retrouvait dans une cuisine commune le temps d’un café entre 2 prises, les portes restaient parfois ouvertes quelques minutes et je me souviens de leurs têtes quand défilait « Gare au gorille » ou « Trompettes de la renommée ». Ils me disaient tous que « le Monsieur qui avait écrit les chansons en français me tuerait ou me ferait un procès », quand il saurait ce que j’avais osé écrire en anglais ! Et je m’évertuais à leur dire que j’avais au contraire un peu édulcoré l’original !
Slaughter a choisi “La mauvaise réputation”. C’est un groupe de Hard Rock formé à Vegas, Nevada par Mark Slaughter, chanteur et guitariste et Dana Strum, bassiste. Le groupe a atteint la gloire en 1990 avec leur premier album Stick It to Ya, double platine aux Etats-Unis. Mark a juste une voix, une gentillesse et une énergie incroyables.
Misty Oldland venait de faire son tube planétaire « A fair affair » et travaillait avec « Massive Attack ». Elle a enregistré « L’ Auvergnat », devenu « Beautiful Stranger ». Il y a eu un remix du titre par « Prince Charles Alexander ». Misty est depuis plusieurs années impliquée dans les luttes pour l’environnement.
Black Uhuru, fameux groupe de reggae, classé No. 23 par Rolling Stone magazine sur la liste des “100 meilleurs albums des années 1980s” et leur album Anthem, sorti en 1984, a gagné le premier Grammy Award jamais attribué pour le meilleur disque de reggae. Ils ont enregistré « Je m’suis fait tout petit » (I made myself small ) et, pour l’anecdote, 8 jours avant que j’aille les enregistrer en Jamaïque, leur producteur et un ami de groupe qui devaient témoigner dans un prochain procès, ont été tués par balles devant le studio. J’avoue que cette fois-là, je me suis dégonflée, j’ai demandé qu’ils viennent enregistrer à Los Angeles ; je ne me voyais pas, toute seule en Jamaïque, leur dire : « je n’aime pas le son de ta guitare » ou « cette phrase n’est pas très juste ! »
Paul Kantner de Jefferson Starship a interprété « La Prière » (The Prayer). Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un groupe rock mythique de San Francisco, formé par plusieurs membres du groupe rock psychadélique Jefferson Airplane, avec Crosby and Nash, des membres de Greatful Dead et Santana. Je viens d’apprendre que Paul vient de mourir.
Young MC mondialement connu avec son hit “Bust a Move” a repris « Le Gorille » (Watch the Gorilla). C’est Kool Moe Dee qui devait le faire mais j’ai été bloquée sur le freeway 101 par un carambolage et le lendemain, il partait à New-York travailler avec Will Smith sur Men in Black !
Zen Cowboys et leur chanteur Solomon ont choisi « Trompettes de la renommée ». Ce groupe electro, triphop , genre « Race against the machine » a complètement changé ma vision de la musique. Des fous furieux géniaux après qui tous les arrangements me paraissaient fades. Pour la petite histoire : un de leurs plus gros tubes était « Counter Culture » (Contre Culture)
Jason Scheff a enregistré “La non- demande en mariage” (I have the honor). Chanteur et bassiste du groupe mythique Chicago (Chicago Transit Authority), “le groupe de rock avec des cuivres” aux 23 disques d’or, 18 de platine et 8 multi-platinum albums. Qui ne connaît pas “If you leave me now ?”, “ Hard to say I’m sorry” ? 5 albums n°1mondiaux et 21 top-ten singles. Ils vont entrer au Rock and Roll Hall of Fame le 8 avril 2016. Pour la petite histoire, à l’époque, sa fiancé ne voyait pas du tout d’un bon œil qu’il chante « J’ai l’honneur de ne pas te demander ta main ! »
Le petit joyau de cet album est probablement « Les Copains d’abord » (Friendship first ) par Asleep at the wheel, un groupe de country musique qui a gagné 9 Grammy Awards , des dizaines de récompenses et est considéré comme un des plus gros noms de la country Music de ces 40 dernières années. Je dirai juste qu’il suffit d’écouter le titre pour voir à qui on a affaire !
La touche tendresse est apportée par Martika. En 1991, produite par Prince elle avait fait “Love… Thy Will Be Done”, classé dans le Top 10 des titres dans pratiquement tous les pays du monde. Suivi d’un second album : Martika’s Kitchen, presque aussi successful que le premier. Dans le Tribute à Brassens, elle a chanté « Lay me down by the sea » sorte d’adaptation de « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète ». Après ses immenses succès je l’avais retrouvée dans les rues d’L.A…..mais son talent et son émotion étaient intacts !
Claire Séverac
Claire Séverac avec : Barry Mann, Michael Mc Donald, James Imgram, Phillip Imgram
Claire Séverac avec : Barry Mann, Michael Mc Donald, James Imgram, Phillip Imgram
Claire Séverac et Jason Scheff su groupe Chicago
Claire Séverac et Jason Scheff su groupe Chicago
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