Le 29 décembre 1926, la Congrégation du Saint-Office met à l’index cinq livres de Charles Maurras ainsi que le journal de l’Action française. Bien que cette dernière multiplie les gestes de bonne volonté, Rome refuse toute discussion et durcit ses mesures disciplinaires envers les dirigeants de l’AF : privation des sacrements, de la confession, refus de l’enterrement religieux, etc., mais également contre les prêtres qui contourneraient ces interdictions. Une véritable chasse aux sorcières se met en place, avec délations et punitions. Mais alors que les dirigeants de l’Action française sont accusés de nier Dieu, les mystères de l’Incarnation, les dogmes et toute morale, on peut se demander si cette condamnation est véritablement religieuse ou si elle n’obéit pas en réalité à des motivations politiques. En effet, le plébiscite des idées de Maurras inquiète les démocrates-chrétiens et Rome n’a comme seul vrai reproche que le refus du ralliement par un mouvement royaliste et résolument antirépublicain. Pour répondre à cette question, l’auteur a mené une authentique enquête, fouillant dans les archives du Vatican, mais également dans divers fonds privés ou publics, découvrant lettres, notes personnelles, témoignages et coupures de journaux.
On pourrait croire que cette condamnation ne fut qu’un épisode sans conséquence de l’histoire tourmentée des relations de l’Église avec sa fille aînée, la France. Ce serait une grande erreur, car la déchirure qui se produisit alors au sein de la communauté catholique joua un rôle prépondérant dans son affaiblissement – faisant perdre la foi à de nombreux catholiques – et poussa à la nomination de cardinaux ralliés qui seront particulièrement actifs lors du concile Vatican II. Mais surtout, cette fracture est encore présente aujourd’hui, empêchant toute action cohérente des catholiques qui, par refus de tout lien avec ce qui est qualifié d’ « extrême-droite », finissent par se rallier, eux aussi, au système en place.
Philippe Prévost, historien, essayiste, docteur es lettres et licencié en droit est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Autopsie d’une crise politico-religieuse, L’Église et le Ralliement et La France et l’origine de la tragédie palestinienne.
Nicolas56 –
Captivant !
Philippe Prévost examine de manière approfondie la condamnation de l’Action française par l’Église catholique en 1926. À travers une analyse concise et bien documentée, il éclaire les tensions politico-religieuses de l’époque, fournissant ainsi une perspective claire sur les enjeux de cette période mouvementée de l’histoire française.
Je conseille ce livre à tous.
vasionensis –
Très fouillé. Passionnant.
Pie XI, dites-vous, s’était trompé d’époque en prétendant à une autorité que l’Eglise n’avait plus. Voire : l’AF elle-même n’a-t-elle pas abondé dans le même sens non seulement en réclamant le catholicisme religion d’Etat mais encore en se soumettant au Vatican, alors que la compromission du Vatican avec la République était patente?
Pour répondre à votre ‘?’ de la page 42 : “cello” désigne le violoncelle en allemand et en anglais. Or Daudet daubait sur la voix de violoncelle de Briand.
Voir dans l’ACTION FRANCAISE [No 146] du 26/05/1921 -” APRES LE VIOLONCELLE DE BRIAND” PAR LEON DAUDET.