D’un holocauste l’autre

Le 11 janvier 1961 coulait, au large de Gibraltar, le Egoz, faisant 43 victimes juives marocaines et dévoilant aux yeux du monde l’action du Mossad pour aider à la fuite vers Israël des Juifs, dont l’émigration avait été interdite par le roi Hassan II. Des décennies plus tard, un groupe de sayanim – journalistes, acteurs, avocats ou hommes politiques – mené par Michel-Samuel Taïeb et désireux d’exploiter ce « mini-holocauste » se réunit à Marrakech afin de mettre en place les conditions et les instruments utiles à sa mémoire : réécriture de l’histoire des Juifs du Maroc, création d’un mémorial, projet de documentaire, etc. Chacun active alors son réseau afin de faire émerger le sujet dans les médias, sensibiliser le public et obtenir la collaboration des politiques.

Mais, au Maroc, des militants antisionistes enquêtent à leur tour et découvrent que la vérité sur le naufrage du Egoz est un peu différente de celle que l’on essaye d’imposer : le bateau était vieux et mal entretenu, au point de se demander si les organisateurs de ces départs n’espéraient pas un drame… Approché pourtant par un célèbre groupe de pression communautaire, l’Élysée renonce à soulever publiquement la question du mémorial. Ainsi, et malgré l’intervention à leur côté du Projet Aladin, mouvement destiné à entretenir la mémoire de la Shoah chez les ressortissants arabo-musulmans, la mise en œuvre du projet est plus difficile que prévu… Arriveront-ils à le mener entièrement à bien ?

Jacob Cohen est un écrivain juif marocain, né en 1944 à Meknès, diplômé de Droit public et de Sciences-Po. Après avoir vécu à Montréal et Berlin, il enseigne à la faculté de Droit de Casablanca. Il vit actuellement à Paris où il se consacre à l’écriture. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, portant notamment sur la question du sionisme. Il s’est particulièrement attaché à porter à la connaissance du public l’existence du sayan, juif sioniste qui collabore avec le Mossad dans le cadre de son activité professionnelle. Il tient un blog sur Internet : Dé-Manipulations.