Psychologie de l’éducation – Livre numérique

Écrit en 1902, cet ouvrage du célèbre psychologue cible les tares essentielles et profondes qui minent l’éducation en France et condamne les étudiants à la médiocrité. Les étudiants français, petits et grands, de toutes les écoles : primaire, secondaire, agricole, normale, ou polytechnique sont connus dans le monde entier pour leur incompétence, leur manque d’initiative, leur ignorance de toute langue étrangère depuis des siècles et encore plus aujourd’hui. Pourquoi ?

Gustave Le Bon nous répond : cela vient d’une profonde méconnaissance de la psychologie, de la manière dont les enfants et les hommes intègrent des connaissances dans leur esprit. La méthode française ne se base que sur la mémoire, au mépris et l’incompréhension de tout ce qui touche à l’esprit d’observation, la réflexion, la capacité de jugement et la formation du caractère. « L’élève se borne à apprendre par cœur, pour les réciter le jour de l’examen, des choses qui, n’étant entrées dans l’entendement que par la mémoire, seront bientôt oubliées. Les premiers rangs peuvent ainsi être occupés par ceux qui ont beaucoup de mémoire et peu d’intelligence. »

Toutes les réformes de l’éducation s’avèrent stériles car elles se basent sur les programmes et non sur les méthodes. Les bureaucrates et les fonctionnaires veulent augmenter, réduire, modifier le contenu des programmes mais jamais la manière d’apprendre. Une véritable réforme mettrait réellement le système en péril, remettrait en question l’idée que la supériorité intellectuelle et sociale s’affirme par l’art de répéter les mêmes choses et les mêmes gestes. Cela signifierait également rompre avec le dogme égalitaire qui veut que tout le monde apprenne la même chose sans tenir compte des capacités, des envies, des appétences, des rêves, des compétences de chaque individu.

Le Bon dénonce ici les tares et les insuffisances de l’enseignement scolaire basé sur la mémoire pure et nous montre par quels biais, quelles méthodes une éducation véritable est possible, faite non pour apprendre quelque chose mais pour amener une personne à se réaliser physiquement, intellectuellement et moralement.

« Je ne suis pas de ceux qui rêvent de destructions, mais quand je vois tout le mal qu’elle a fait et le compare au bien qu’elle aurait pu faire, quand je pense à ces belles années de jeunesse inutilement perdues, à tant d’intelligences éteintes et de caractères abaissés pour toujours, je me dis : Il faut détruire l’Université. »