« Entre le socialisme proudhonien et le socialisme marxiste, il y a un désaccord plus grave qu’une querelle politique ou une rivalité d’école. Ce sont deux tempéraments qui s’affrontent, deux conceptions de la vie qui s’opposent » écrivait Robert Aron. Proudhon avait pourtant exercé une influence considérable sur le jeune Marx, mais il lui reproche son idéalisme et de n’avoir pas compris la vraie dialectique scientifique. « Il n’a réussi que dans le sophisme », dira-t-il.
Lorsqu’en 1846 paraît l’ouvrage de Proudhon, Philosophie de la Misère, Marx réplique en publiant un an plus tard, Misère de la philosophie, montrant toute l’étendue de leurs divergences qui puisent leur origine dans leur vision même de la place de l’homme, de la nature, de la valeur d’un bien, de la division du travail, de l’industrialisation ou de la propriété. Ainsi, pour Proudhon « Le communisme reproduit donc, mais sur un plan inverse, toutes les contradictions de l’économie politique. Son secret consiste à substituer l’homme collectif à l’individu dans chacune des fonctions sociales, production, échange, consommation, éducation, famille. Et comme cette nouvelle évolution ne concilie et ne résout toujours rien, elle aboutit fatalement, aussi bien que les précédentes, à l’iniquité et à la misère. » À quoi Marx répond « Chaque rapport économique a un bon et un mauvais côté c’est le seul point dans lequel M. Proudhon ne se dément pas. Le bon côté, il le voit exposé par les économistes ; le mauvais côté, il le voit dénoncé par les socialistes. Il emprunte aux économistes la nécessité des rapports éternels ; il emprunte aux socialistes l’illusion de ne voir dans la misère que la misère. » Confrontation fondamentale, ces deux textes sont ici réunis.
Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) est un journaliste, économiste et philosophe français. Partisan du fédéralisme, il se dit anarchiste, penseur d’un socialisme libertaire et non étatique.
Karl Marx (1818-1883) est un philosophe, sociologue et économiste allemand, théoricien de la révolution, célèbre pour sa conception matérialiste de l’histoire et sa critique du capitalisme reposant sur la lutte des classes.
Le texte de Pierre-Joseph Proudhon ne reproduit pas intégralement l’édition originale ; il a été expurgé des exemples et commentaires d’actualité obsolètes aujourd’hui, sans que ces excisions nuisent à la compréhension de son exposé.
Le texte de Karl Marx est intégral.
Parichi –
L’ouvrage de Proudhon est un monument de la pensée critique qui inspire à redéfinir les fondements mêmes de notre organisation sociale.
staedtler_t –
Un livre essentiel pour comprendre l’émergence du socialisme et saisir pourquoi, à pas mal d’égards, la « gauche du travail » évoquée par Alain Soral et E&R emprunte davantage à la vision proudhonienne qu’à la vision marxienne du monde.
On n’oubliera pas également, comme une excellente introduction à cet ouvrage, de lire les entrées « Proudhon » et « Marx » du livre de Pierre de Brague, Dictionnaire de conscience révolutionnaire, afin de bien saisir ce qui s’est joué dans cet affrontement théorique.
Blanqui42 –
Proudhon est la fierté du socialisme français. Issu d’un classe populaire, il parvient avec intelligence à théoriser une doctrine du socialisme sans avoir le cursus d’un Karl Marx. Ce dernier lui en voudra toujours de refuser d’utiliser l’outil dialectique de Hegel pour théoriser son socialisme.
Cela vaudra une réponse par ce dernier, Misère de la philosophie, livre assez indigeste puisque Marx humilie Proudhon en lui mettant dans la tronche toute sa culture économique, historique et philosophique plutôt que de le considérer comme un camarade de lutte… On reconnaît peut-être là le côté un peu jui… judoka de Marx ! Se servir des thèses de son adversaires pour les retourner une à une avec un peu d’arrogance.
Pourtant, l’actualité donne raison davantage à Proudhon qu’à Marx. La conscience de classe ouvrière n’existe plus, le marché est devenu permissif et l’espoir repose aujourd’hui en grande partie sur les petits patrons et la classe moyenne entrepreneuriale : la supériorité du génie français sur le génie allemand !
Il n’en reste pas moins que Philosophie de la Misère et Misère de la philosophie sont deux ouvrages indispensables qui permettent de se familiariser avec la doctrine du socialisme, comprendre l’antagonisme qui a séparé l’International, et d’avoir une première approche du matérialisme dialectique de Marx en version simplifié avant de s’attaquer au monstre du Capital, chef d’œuvre de ce dernier.
cristobal336 –
On lit l’essai de Proudhon avec intérêt et parfois avec amusement sur certains développements (l’hégélianisme appliqué à l’économie…).Puis vient la réponse de Marx, qui avec ses raisonnements implacables et avec son ironie mordante déshabille complètement le pauvre Proudhon. Excellente introduction à la pensée économique via la confrontation de deux grands esprits du 19e siècle.
Petit bémol cependant : les quelques fautes de typo qui parcourent l’édition, notamment des ‘r’ remplacés par des ‘n’ (ou l’inverse ? je ne sais plus)
Bourgain –
Marx a écrit des théories économiques comme 2et2 font 4 et de ce faite à mis l’humanité des pauvres peuples par terre.Des théorie économiques se disante exacte, mais illusoire dans le temps (comme les religions).
Le yéti –
Très bonne idée cette édition regroupée des 2 textes.
Misère de la philosophie veut dire « misère du concept ». Proudhon reste dans ce qu’Hegel appelle la première négation, le rejet du système actuel en conservant le paradigme conceptuel des temps présents (conservateur) où en prenant une façon de pensée ancienne (réactionnaire) où instinctive (moraline citée précédemment) « une logique de l’essence » (du sentiment ici). Elle est toujours du coup incomplète, et pas dans l’auto-mouvement historique (la dialectique de l’Histoire, du progrès économique, de la pensée rationnelle).
Une citation de Marx comme ex de 2ème négation, « négation de la négation »:
« A l’opposé du mot d’ordre conservateur : ‘Un salaire équitable pour une journée de travail équitable’, les prolétaires doivent inscrire dans leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire: ‘Abolition du salariat’» Salaires, prix et profits
« conservateur » pour qui conserve la façon de pensée actuelle, c.a.d capitaliste=le salariat, à l’opposé de « révolutionnaire » pour qui abolit aussi la façon de pensée de la production (fin de la propriété). A noter qu’ainsi Marx est un « archéo-futuriste », il veut retrouver les germains où les sioux et leurs communautés mais dans une futur. C’est ce qui permet au coté obscur où vous êtes de déclarer Marx comme grand seigneur sith… Michéa « l’Empire du moindre mal » veut dire l’empire qui ne pense pas, aconceptuel, infrapolitique, branlette du « jouir sans entrave », sentimentalisme, hygiénisme, et naturalisme écolo sont parfait pour bobo « sexe décérébré pousseur de caddie » à qui il faut de « l’immédiat » à penser (Hegel, Principes de la philosophie du droit): les vrais marxistes ne se trompent pas sur la régression écolo_branlette_bio et Rolls électrique, sainteté du riche.
Si Zemmour « déconstruit les déconstructeurs », 68ards jouir sans entrave (Clouscard etc.) et société multiculturelle assurance-vie de la Finance (conférences de Macy, « détruire le holisme autoritaire du blanc » d’Adorno, virer l’état fort social par « divide et impera ») il le fait dans la 1ère négation, en ce référant au Passé (réactionnaire), à De Maistre où De Gaulle, et dans la « logique de l’essence », le grand remplacement, le concept « nation » étant mort. A l’ED manque la 2ème négation, archéo-futuriste.
pierron –
contre sens total de l,auteur de la présentation : c est Marx qui de ses dires « infecta » Proudhon de la dialectique hégélienne car ne lisant pas l Allemand il ne pouvait y avoir accès. Ils se sont rencontrés à Paris quand Marx et Engels tentaient de fédérer les mouvements ouvriers européens. Ainsi Marx noua t il des rapports avec Proudhon lors de longues soirées où Marx eut l occasion de lui parler longuement de la dialectique dont il ne connaissait rien du tout. Voir la lettre à Annenkov où Marx donne à son correspondant un bref mais dense résumé de la pensée de Proudhon. En bref Proudhon ne connaissant rien de Hegel et de l histoire des rapports économiques, sans aucune formation scientifique, bricola une théorie prétendument révolutionnaire en injectant une morale du Bien et du Mal avec leur »synthèse » en singeant les triades hégéliennes, sur les rapports économiques du mode de production bourgeois sans en critiquer ses limites historiques. Ce qui me semble le plus intéressant dans la,critique de Marx c est ce qu on dirait ajourd’hui l infestation de la moraline ( ou du politiquement correct) dans la science cf la « théorie » du genre contre la science biologique.
politzer –
Proudhon qui n a rien compris à la société dans laquelle il vit ns donne une dialectique fabriquée de toute pièce pour justifier son dada qui est l égalité, simple reflet en fait de la réalité du contrat, en mode de production capitaliste, où on échange des quantités équivalentes de valeur cad de tps de travail humain social moyen. N ayant la moindre idée de ce que sont les lois scientifiques en histoire, il confond les rapports sociaux avec de simples forces productives, par exemple une vache avec une machine! Lol Marx le ridiculise à un point inimaginable car il réussit à démontrer que l erreur grossière d arithmétique de Proudhon ds un de ses calculs a pour raison d être sa cohérence avec le résultat où il veut aboutir c est ce qu on appellerait la cause téléologique. Il faut lire ce livre qui constitue une propédeutique au Capital et où il ébauche sa théorie de la valeur et des rapports sociaux qui constituent deux énormes concepts du Marxisme . Particulièrement le concept de rapport social reste une énigme pour l immense majorité des « économistes » . Concept dont Lénine soulignera l énorme importance et dont l ignorance interdit la compréhension de l histoire et de l économie comme sciences (presque) dures! Un dernier mot pour m inscrire en faux contre cette idée loufoque selon laquelle Proudhon aurait influencé Marx ! Où ça exactement , on aimerait avoir la référence ! l article évoque t il le jugement de Marx sur » qu est ce que la propriété? » C est une plaisanterie ! Marx explique que la critique de Proudhon est faite du point de vue de » l économie » politique cad qu il est prisonnier du point de vue bourgeois. Comme dialecticien on a vu mieux ! lol
La rupture a pour cause l opposition de Proudhon à la lutte des classes et aux syndicats !bref c est le fondement petit bourge ( le cul entre deux chaise) des politiques réformistes. Faute de la moindre connaissance scientifique Proudhon en est réduit à infecter les rapports économiques, dont il ne comprend pas le développement historique, de morale , et à les réduire à la lutte fantasmatique entre le Bien et le Mal ! de mémoire . Cebu Philippines 23h20