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Entretien avec Lucie Choffey – Auteur du livre L’Effroyable imposture du féminisme

Née en 1984 en France, Lucie Choffey est l’auteur du livre L’Effroyable imposture du féminisme, édité par Kontre Kulture. Nous avons voulu en savoir plus sur cette jeune mère de famille qui valorise la notion de maternité et qui se situe à contre-courant de l’idéologie dominante qui vise à promouvoir l’égalitarisme abstrait entre hommes et femmes.

 

Interview : Alimuddin Usmani pour lapravda.ch

 

Lucie Choffey, j’ai d’abord une question plus personnelle, pouvez-vous nous décrire votre quotidien actuel ?

Oui bien sûr. Je suis mère au foyer à temps complet. J’ai 2 garçons. L’aîné a 9 ans et le cadet 8 mois. J’allaite encore le petit 4 à 5 fois par jour et notamment la nuit vers 3h/4h de temps en temps et le matin vers 6h30.

Voici donc le déroulement d’une journée typique :

[-]  6h30 / 7h00 : mon petit se réveille, je l’allaite et le change. Je l’installe dans la cuisine dans sa chaise haute et prends mon petit déjeuner. 
[-]  7h15 : je réveille mon grand, lui prépare son petit déjeuner. 
[-]  7h45 : mon mari part pour son travail, à 45 minutes de route. 
[-]  De 7h15 à 8h30 : je booste mon grand pour qu’il se lave, s’habille et range sa chambre avant de partir pour l’école. Je prends ma douche, je m’habille rapidement et je prépare et donne un biberon de complément à mon petit vers 8h15. (J’ai commencé à lui ajouter des biberons en plus de l’allaitement à 4 mois 1⁄2 car il tétait encore toutes les 2 heures de nuit comme de jour et j’étais épuisée) 
[-]  8h25, mon grand part pour l’école 
[-]  De 8h30 à 9h30, je fais la vaisselle du petit déjeuner (je n’ai pas de lave-vaisselle) et du rangement rapide dans les chambres, la cuisine et la salle de bain. J’ouvre les fenêtres pour aérer les pièces. 
[-]  9h30 à 10h, je joue avec le petit. Je l’habille .Je lui montre des objets dans son parc, lui montre un livre et des dessins et le jardin par la fenêtre. Il aime regarder les oiseaux dans les arbres. Puis quand je sens qu’il est fatigué je l’allaite et le berce pour sa sieste du matin. Il s’endort vers 10h/10h15. 
[-]  De 10h à 11h : je fais de l’administratif ou autre, c’est mon « temps libre » mais absolument pas un temps de pause. 
[-]  De 11h à 12h : je prépare le repas du midi pour mon grand et moi (il rentre manger le midi) et la purée de légumes pour le repas du bébé (j’essaie d’en faire parfois 2-3 pots d’avance quand j’ai un peu plus de temps le matin et je congèle). 
[-]  12h à 13h15 : repas, échange avec le grand, je change le petit et le fais manger ses légumes + un biberon. 
[-]  13h15 à 14h00 : vaisselle, essuyage, rangement de la cuisine. 
[-]  14h00 : je berce et j’allaite le petit pour sa sieste de l’après-midi. 
[-]  14h00 à 16h : administratif ou autre, « temps libre n°2 » et préparation de la compote pour 16h du petit. 
[-]  16h : Bébé se réveille, je le change, je lui donne sa compote et un petit biberon. 
[-]  16h30 : le grand rentre de l’école ou je vais le chercher. Si je vais le chercher il faut habiller le bébé et le mettre dans la poussette. Tout cela pour le ressortir de la poussette et le déshabiller au retour. C’est beaucoup de manipulations pour peu de temps mais ça lui fait prendre l’air et se promener un peu s’il ne pleut pas. 
[-]  16h30 à 18h : temps d’échanges avec le grand au goûter puis c’est le temps des devoirs du soir pendant que le petit joue dans son parc ou sa chaise haute. Je lui réexplique du français ou des maths. Parfois on sort pour aller chercher le pain ensemble et pour aérer bébé si je n’y suis pas allée en même temps au moment de la sortie des classes à 16h30. 
[-]  18h à 19h30 : bain du petit, préparation du repas du soir. 
[-]  19h30 : bébé prend son biberon mi lait mi soupe aux légumes puis je l’allaite pour l’endormir.
[-]  19h45 : repas avec le grand. 
[-]  20h30 : je le couche et lui lis son histoire du soir et reste un peu avec lui pour qu’il s’endorme. Mon mari rentre entre 20h et 20h30. Il mange. Nous échangeons sur les sujets importants. Mon grand, s’il ne dort pas, se relève pour le voir un peu. 
[-]  20h30 -21h30, j’échange avec mon mari, je fais la vaisselle, range la cuisine, la salle de bain (suite au bain de bébé) et passe l’aspirateur dans le salon. Je nettoie aussi l’entrée et range la maison.

[-]  22h-23h : je me couche et m’endors fatiguée ! Voici une journée simple et normale. À cela s’ajoute souvent beaucoup de choses. J’ai géré notamment de gros travaux dans ma maison : j’ai reçu de nombreux artisans pour choisir le meilleur au niveau qualité prix, j’ai réalisé moi-même le suivi, le dossier de permis de construire, les plans, les réunions de chantier, etc. J’ai organisé de A à Z mon mariage il y a 2 ans. J’ai créé les tenues de mes petites filles d’honneur, la déco de table etc. Je guette les promotions dans les magasins et sur internet. Je couds le prénom de mon fils sur ses vêtements, je recouds des boutons sur les costumes de mon mari. J’assure la déco de la maison, l’ajustement de mes rideaux (il faut les couper, puis faire l’ourlet et les repasser). J’ai monté des meubles ikea (car j’adore ça ! et mon mari est très pris par son travail). Je prépare les affaires pour les sorties et camps scouts de mon grand. Je l’aide avec ses devoirs de solfège (musique) ; je l’emmène à ses activités (natation, judo, scoutisme, caté et musique)…tout en faisant suivre le bébé (qu’il faut habiller, accrocher dans son siège auto, transposer dans la poussette, etc.). J’aide aussi dans une association, je suis leur secrétaire. J’ai également fait partie de la chorale paroissiale pendant une année et j’essaie d’aller aux répétitions dès que je peux me libérer. Bref je ne m’ennuie jamais et cours après le temps. Je ne comprends pas les féministes qui me disent qu’on s’ennuie à la maison… Et j’ai encore d’autres projets comme faire un potager…

 

En Suède, certaines maternelles ont adopté la « pédagogie neutre », elles n’emploient plus le masculin et le féminin. Pensez-vous qu’un tel modèle suédois, qui a semble-t-il trouvé un certain écho auprès de la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, puisse être un jour implanté en France ?

Oui je pense que cette pédagogie est en train d’être instillée dans les écoles et plus particulièrement dans les écoles publiques via les différentes campagnes sur « l’égalité » et « la lutte contre toutes les formes de discriminations… ».

En Janvier 2013, Vincent Peillon, alors ministre de l’Éducation nationale, adressait une lettre aux recteurs et rectrices d’académie, dans laquelle il encourageait l’intervention des associations LGBT au sein des établissements scolaires. Il affirmait en effet « que le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités » Il précisait : « je souhaite ainsi que vous accompagniez et favorisiez les interventions en milieu scolaire des associations qui luttent contre les préjugés homophobes […] je vous invite également à relayer avec la plus grande énergie, au début de l’année, la campagne de communication relative à « la ligne azur », ligne d’écoute pour les jeunes en questionnement à l’égard de leur orientation ou de leur identité sexuelles ».

De plus, à la rentrée 2013 une circulaire (n° 2013-060 du 10 avril 2013) insistait sur l’importance de la lutte indispensable contre « les violences et les stéréotypes de genre ». Il ajoutait : « l’École doit promouvoir dès l’école primaire l’éducation à la sexualité, qui fait partie des programmes. Pour cela, un groupe de travail a été mis en place sur le sujet ».

De même, entre 2009 et 2013 une école de Saint-Ouen a expérimenté la théorie du genre sur des enfants de 3 à 6 ans. L’équipe pédagogique espérait ainsi lutter contre les stéréotypes de genre « qui assignent les enfants à des rôles différents en fonction de leur sexe ».

Parallèlement, les nouveaux manuels de SVT des classes de 1ère ES et L expliquent, sous forme d’affirmation (ayant valeur de vérité) aux lycéens et lycéennes en plein questionnement existentiel, que « seul le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou féminin ».

Enfin, le principal syndicat enseignant, la FSU, a élaboré en mai 2013 un dossier pour aider les enseignants à « éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire », en proposant des « outils théoriques et pratiques pour avancer ». Parmi ces outils, un album intitulé Papa porte une robe à étudier en classe. Parmi les « objectifs » affichés de cet album, on peut lire : « Contribuer à déconstruire les stéréotypes ».

 

Pensez-vous qu’un retrait massif des femmes de la vie professionnelle apporterait des bénéfices économiques et sociaux ?

Des bénéfices sociaux, j’en suis sûre ! Notamment au niveau de l’éducation des enfants, des rapports homme/femme et de la stabilité du foyer.

Concernant l’économie, il s’agit de savoir ce qu’on entend vraiment par là. En effet, Omar Aktouf, professeur titulaire à l’École des hautes études commerciales de Montréal, nous éclaire sur l’importance de ne pas confondre « l’économie » et « la chrématistique ». En effet, l’« économie », dont la racine étymologique est composée de oïkos (la communauté, la maison) et de nomia (la règle, la norme qui assure le bien-être de la communauté), diffère de la « chrématistique », composée des termes krema (argent) et atos (poursuite). Or, selon Aristote, « le citoyen qui s’adonne à la chrématistique, à la recherche de l’enrichissement et de l’accumulation de l’enrichissement de manière égoïste et individuelle, c’est l’ennemi de la communauté, c’est un être qui se comporte de manière contre-nature, c’est l’ennemi de ses semblables, et il doit être banni de la cité ».

Ce point de vue, validé par d’éminents philosophes, permet de confirmer l’importance de la famille dans une société et de comprendre que de faire fonctionner le bien-être de celle-ci – et de manière plus large celui de la communauté – permet la survie de ladite société alors que la course folle à l’argent par des individus égoïstes et individualisés précipite toujours la communauté à sa perte.

Comme l’indique Omar Aktouf, en reprenant la phrase suivante de Confucius : « La société fonctionnera de façon idéale lorsque les règles qui président à la vie familiale seront élargies à la vie sociale ».

Ainsi, si dans bénéfices économiques on entend bénéfices au niveau de la bonne gestion du pays et à son bien-être, oui, le retrait des femmes de la vie professionnelle assurera des bénéfices économiques majeurs.

Par contre, si l’on pense à l’économie en termes d’accumulation de richesse au niveau du pays, le retrait des femmes fera perdre 50 % de la main-d’œuvre de production et donc aura un impact très important sur l’enrichissement.

Derrière les revendications féministes, l’argument économique au sens « création de richesse » est une réalité incontournable. J’ai de nombreux exemples dans mon livre. En voici deux. Tout d’abord, Warren Buffet, l’un des hommes d’affaires les plus influents au monde, trouve très intéressants les arguments féministes d’égalité. « Peu importe si je crois que le cas éthique en lui-même est une contrainte. […] Camarades, prenez le train en marche. Plus l’Amérique emploiera l’ensemble des talents de ses citoyens, plus sa production de biens et de services sera importante. Nous avons vu ce qui peut être accompli lorsqu’on utilise 50 % de la capacité humaine. Si vous visualisez ce que l’on pourrait faire avec 100 %, vous vous joindrez à moi dans ma vision d’optimiste débridé du futur de l’Amérique ».

Ensuite, la directrice du Fonds monétaire international (ou FMI), notre compatriote Christine Lagarde – ex-ministre de l’Économie en France de 2007 à 2011 –, a affirmé en octobre 2012 que « plus de Japonaises au travail pourrait sortir le Japon de l’ornière économique dans laquelle il se trouve actuellement ».

 

À propos des agressions sexuelles commises à Cologne à nouvel an, certains collectifs féministes s’inquiètent de l’instrumentalisation de crimes sexuels à des fins xénophobes. Que pensez-vous de leur attitude ?

Que de leurs côtés, elles instrumentalisent ces agressions non clairement identifiées (attouchements, vols, ivresse collective, viols … tout semble plutôt flou !) à des fins idéologiques de haine des hommes dans leur ensemble. À les entendre, tous les hommes seraient des prédateurs sexuels potentiels ou en tous cas sources de problèmes pour les femmes. Je cite : « La vérité est que les femmes ne sont pas en sécurité où que ce soit dans le monde […] Le fait est que les foules masculines matinales des transports en commun français sont déjà un danger pour les femmes donc les foules avinées en sont également un ».

 

Que vous inspire la posture de la féministe Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, auteur de Nous sommes tous des féministes ?

C’est le cheval de Troie du féminisme pour l’Afrique. Pour que le féminisme prenne bien en Afrique, une jeune femme noire, jeune et jolie d’origine africaine et habillée à l’africaine a été érigée en icône par les USA. Elle vit d’ailleurs aux USA depuis ses 19 ans et a étudié dans des universités américaines. Elle récite de jolies phrases toutes faites pour amadouer les femmes africaines. L’Afrique avait été épargnée par le féminisme jusqu’alors et la famille traditionnelle y est encore très importante. Les hommes africains sont encore de vrais hommes, les femmes sont fortes et des mères fières et épanouies. La famille y est une cellule de survie et d’entraide incroyable notamment en ce qui concerne la prise en charge des personnes âgées. Cependant, cela est en train de changer… Chimamanda Ngozi Adichie me semble un excellent agent de changement, malheureusement.

2 commentaires sur “Entretien avec Lucie Choffey – Auteur du livre L’Effroyable imposture du féminisme

Rysame dit :

Votre livre m’a fait chaud au cœur! quel bonheur ce livre, si important!!j’ai 63 ans et moi même à l’âge de 30 ans j’ai décidée d’arrêter de travailler pour m’occuper de mon premier enfant, j’ai eue deux autres enfants par la suite, puis un divorce.
Nous sommes plus que simplement « des femmes au foyer », nous sommes des « psychologues », des « infirmières » des « cuisinières » des « femmes de ménage » des « éducatrices » des « managers » des épouses, etc, etc, la liste est longue!
Dans les années ’88 j’avais lu un petit article dans un journal écrit par un père de famille qui venait d’être veuf et qui à rendu hommage à sa femme décédée en constatant tout ce qu’elle avait réalisée pour garder la famille « à flots » et il disait que les femmes au foyer devraient recevoir un salaire pour ce qu’elles font.
J’ai trois filles, les trois recevront votre livre de ma part, il est très important!
Merci de tout cœur
Maryse

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