Quel est le rôle caché du sayanim Éric Zemmour ? C’est la question que s’est posée Youssef Hindi, l’historien des religions et politologue bien connu des nationalistes québécois. On le voit partout, ce Zemmour, sur les plateaux de télévision, à la radio, dans les journaux. Il écrit des livres lus par des centaines de milliers de Français, notamment de droite et catholiques : Le Suicide français, Un destin français, pour ne nommer que les plus connus.
Il se dit totalement assimilé et se prétend plus français que les Français de souche, admire Napoléon, défend Pétain. Si bien qu’il est perçu par bien des Français comme le sauveur potentiel de la France, le prochain Président, celui qui remettra enfin le pays sur le droit chemin.
Le hic, c’est qu’en privé, chez lui ou à la synagogue, « il suit tous les rituels du judaïsme non par obligation religieuse, puisqu’il est athée, précise Youssef Hindi, mais par appartenance raciale et tribale ». Son attachement à Israël est non négociable, et au bout du compte son rôle véritable est de défendre son pays de cœur tout en ayant l’air de défendre son pays d’adoption. Or, refuser de s’assimiler est une chose, mais faire semblant de s’assimiler tout en demeurant juif et hostile à la majorité relève de la plus extraordinaire duplicité qui soit. Lorsque le philosophe juif Alain Finkelkraut est en France, il clame à qui veut l’entendre son amour de la France, mais lorsqu’il est en Israël, la France n’a plus droit à son amour : « Je suis né à Paris et suis fils d’immigrants polonais, mon père a été déporté de France, ses parents ont été déportés et assassinés à Auschwitz, mon père est rentré d’Auschwitz en France. Ce pays mérite notre haine. »
C’est un sujet compliqué, comme tout ce qui touche au judaïsme politique, car les enjeux ne sont jamais clairs, la contradiction, la tromperie et le « deux poids deux mesures » étant la norme.
Un exemple parmi d’autres : la diaspora juive toute puissante et hautement organisée, dispersée parmi d’autres nations, nulle part plus abondamment qu’aux États-Unis d’Amérique et en Europe, prêche chez elle en Israël exactement le contraire de ce qu’elle prêche partout ailleurs en Occident avec un aplomb qui frise la schizophrénie. Ainsi en Israël, les juifs sont farouchement contre le métissage, le mariage pour tous, l’immigration illégale, les droits des minorités, la démocratie, l’universalisme et pour le droit du sang, les frontières, l’État ethnique, voire racial, le particularisme, le patriarcat et le port des armes.
Voici comment George Orwell définit la « double-pensée » dont il est question :
« Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « double pensée » impliquait l’emploi de la double pensée. » [1]
Zemmour, Finkelkraut et compagnie incarnent parfaitement cette « double-pensée » non seulement dans leur propre psychologie, mais entre eux et entre eux et les non-juifs. Il s’agit donc, à vrai dire, d’une « triple-pensée », et si les chèvres comprenaient l’hébreu, Zemmour et les siens leur feraient le coup de la « quadri-pensée » tellement ils sont habiles à ce jeu !
C’est ce que Hindi réussit à démontrer avec son brio habituel. Ils disent tout et son contraire, et surtout, ne vont jamais au fond des choses. S’ils dénoncent, férocement, dans toutes les tribunes médiatiques, le multiculturalisme, l’immigration de remplacement, les émeutes raciales dans les banlieues françaises et ailleurs, ils n’identifient jamais le responsable : leur propre tribu, celle qui les commandite en douce et les motive.
Évidemment, cette duplicité à plusieurs étages est une source majeure d’antisémitisme, car si, grâce à une longue expérience de la duplicité, certains juifs comme Zemmour peuvent jouer sur tous les tableaux à la fois avec un minimum d’inconfort, ce n’est pas le cas des non-juifs qui ne sont pas accoutumés à ce genre de gymnastique mentale propre aux talmudistes.
Pierre Simon
Référence :
1. George Orwell. 1984, Première Partie, Chapitre III.
Article paru dans la revue québécoise Le Harfang, vol 9, n°4 avril/mai 2021, p. 27.