En 1990, une main amie déposa le présent récit sur le bureau d’une grande éditrice parisienne. Celle-ci l’y laissa pendant six mois et un beau soir elle l’emporta chez elle. Le lendemain matin, à 8 heures, elle m’appela : « Pouvez-vous passer aujourd’hui pour signer un contrat d’édition ? »
J’ai cru que j’étais la huitième merveille du monde. Personne n’avait été capable, avant moi, d’éclairer ainsi par un récit plein d’amour, de colère, d’enthousiasme et de révolte, – sans une once de haine -, l’inextricable dossier israélo-palestinien. Dans la maison on me faisait des courbettes, et on annonçait mon livre comme le prochain best-seller, rien de moins.
Peu de temps avant sa sortie annoncée, je reçus un coup de fil de l’éditrice qui m’informa qu’on reportait la parution à quelques semaines. « On » lui avait fait remarquer que la publication d’un tel ouvrage, en pleine guerre du Golfe, n’était pas la bienvenue.
Un beau jour enfin mon livre apparut à la devanture des librairies, mon attachée de presse m’arrangea quelques passages à la radio et au journal télévisé. Le cœur battant, j’étais prête. Il y eut d’abord l’annulation du passage à la télé. Puis une recension venimeuse à la radio. Le silence de mort de la presse écrite nationale.
Puis, à la suite de mon intervention sur France Inter, la réaction furibarde de mon éditrice. Elle ne m’avait pas entendue, mais « on » lui avait raconté, et ça lui suffisait, elle ne voulait plus jamais entendre parler de moi. Le livre disparut des vitrines, les libraires le retournèrent. Sans m’en informer on le pilonna, et on raya mon nom de la liste des auteurs de la maison. Bientôt ce fut comme s’il n’avait jamais existé. Vingt ans plus tard, en 2011, je rencontrai un jour Alain Soral à qui je donnai mon texte.
Le voici.
Marion Sigaut
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