Les procès, dont les jugements sont rendus « au nom du peuple français », sont publics. Mais, faute de place, et parce que le peuple français n’a que rarement le loisir de se déplacer et prendre à cet effet le temps qu’il doit consacrer à gagner son pain, ils se font, de fait, à huis clos. On pourrait penser que les nouvelles technologies de communication permettraient la diffusion des débats auprès du public ; ce serait sans compter la réglementation mise en place afin de limiter leur emploi au fur et à mesure que les médias se démocratisaient, en particulier sur Internet, retenant dans l’enceinte des palais les cris et chuchotements du théâtre judiciaire.
Ainsi, les enregistrements par le particulier, qu’ils soient audio ou vidéo, sont interdits. Il ne reste alors que le croquis et la prise de note pour porter à la connaissance du peuple les débats et plaidoiries qui mènent le Tribunal à juger en son nom. C’est la tâche que s’est donnée une équipe de militants d’E&R, sous la direction de Me Viguier, pour que les pièces qui ont été jouées dans une agora aux portes fermées soient transcrites et publiées, afin que chacun puisse juger.
Le libertaire Pierre Bergé qui milite pour toutes les libertés, y compris celle d’acheter un enfant à une femme pauvre du tiers-monde, se fait soudain censeur lorsqu’il s’agit de faire taire un homme véritablement libre, penseur de son époque et adversaire idéologique. Celui dont la Fondation promeut La Vilaine Lulu – bande dessinée faisant l’apologie du satanisme, du sadisme et de toutes sortes de perversions – prend prétexte de quelques phrases dans l’ouvrage coécrit par Éric Naulleau et Alain Soral, Dialogues désaccordés, pour le faire interdire. Il parviendra également, avec la complicité du ministère public, à faire condamner l’un de ses auteurs, Alain Soral, à de lourdes peines pécuniaires, sans que jamais il ne soit répondu aux questions qui dérangent.