Rivarol : Comment ont débuté vos recherches sur le destin tragique du clan Kennedy ?
Laurent Guyénot : Ma vision du monde a été bouleversée en 2011, lorsque j’ai pris conscience que l’événement fondateur du 21ème siècle, les « attentats terroristes du 11 Septembre », était un gigantesque mensonge. J’ai été à la fois ébranlé et fasciné par cette découverte, et j’ai décidé de m’investir sérieusement pour tenter de comprendre la nature du pouvoir politique qui avait engendré un tel monstre.
J’ai rapidement découvert que le 11 Septembre s’inscrit dans une série d’autres événements historiques qui font l’objet de mensonges d’État couverts par les médias dominants. L’assassinat du président Kennedy est un sujet incontournable pour quiconque cherche à comprendre cette part d’ombre de l’histoire des États-Unis.
L’histoire des Kennedy m’a passionné, parce que j’y ai trouvé une dimension métahistorique et mythique – voire même christique. La famille Kennedy a longtemps été perçue comme une sorte de dynastie royale aux États-Unis, et leurs origines catholiques irlandaises faisaient d’eux, en quelque sorte, le symbole d’une Amérique différente, culturellement et même spirituellement, de l’Amérique WASP qui a toujours dominé les sphères du pouvoir. Bien sûr, ce n’étaient pas des saints : c’est une famille qui avait la politique dans le sang. Mais j’ai fini par comprendre que ceux qui les ont assassinés ont passé les cinquante années suivantes à assassiner leur mémoire, à leur forger une légende noire. À mes yeux, John Kennedy est un personnage admirable, tout comme son frère Robert, qui lui était entièrement dévoué.
Rivarol : Quel est le rôle de l’État profond américain dans les assassinats des frères Kennedy ?
J’ai utilisé l’expression « État profond » dans mon livre JFK-11 Septembre comme point de départ. Mais elle m’apparaît aujourd’hui un peu problématique. Il y a bien autour des assassinats des Kennedy, comme autour du 11 Septembre et d’autres affaires, un mensonge d’État, et ce mensonge d’État laisse supposer que ceux qui ont assassiné les Kennedy détiennent un grand pouvoir occulte. Mais toute la difficulté est de préciser la nature de ce pouvoir et l’identité des hommes qui le détiennent. « L’État profond », c’est un peu comme l’inconscient freudien : c’est une expression délibérément vague, qui ne dévoile rien et donne l’impression trompeuse qu’on a affaire à une entité unique bien définie.
Le seul usage raisonnable de l’expression « État profond » serait pour désigner l’ensemble des services secrets de l’État. Et en effet, lorsqu’on dit « État profond », on pense à la CIA. Mais je pense justement que la CIA, en tant qu’institution, n’a aucun lien direct avec les assassinats des Kennedy (même si certains éléments sont impliqués, comme James Angleton, mais il est connu comme étant une taupe du Mossad). La CIA est à mon sens la fausse piste par excellence, et ce n’est pas un hasard si elle a été tracée et balisée par la grande presse et par Hollywood.
Je préfère maintenant parler de « pouvoir profond ». Il y a bien aux États-Unis comme dans la plupart des démocraties des centres de pouvoir occultes, capables d’orienter la politique du pays – et notamment la politique étrangère et militaire – par des moyens divers comme le financement des campagnes électorales, la corruption, le contrôle de l’information, le chantage, et d’autres moyens plus criminels, mais il se trouve que le plus puissant de ces centres de pouvoir n’a rien de « national » : le véritable État profond américain, s’il l’on veut, c’est Israël. Israël s’est logé tel un parasite dans toutes les structures de pouvoir de l’Amérique. Et c’est justement Israël qui, selon moi, est à l’origine des assassinats des frères Kennedy.
Rivarol : Lee Harvey Oswald est le tueur « officiel » du président. Sa biographie est pourtant pleine de zones d’ombres malgré des années de recherches sur parcours ? Qui est-il vraiment pour vous ?
Lee Harvey Oswald est un personnage à plusieurs facettes. Il y a en fait trois Oswald. Dès son arrestation dans l’après-midi du 22 novembre 1963, il a été présenté dans les médias américains comme un marxiste qui avait renoncé à sa nationalité américaine pour vivre en URSS et, après son retour, milité en faveur du régime de Fidel Castro. En filigrane se dessinait donc l’idée que l’assassinat de Kennedy avait été commandité par Castro ou les Soviétiques. Cependant, le nouveau président Lyndon Johnson fit étouffer cette piste en agitant le spectre d’une guerre nucléaire, et imposa, en accord avec le FBI, la thèse selon laquelle Oswald était un déséquilibré qui avait agi seul. C’est le second Oswald. Mais la recherche a montré que le communisme d’Oswald était une couverture et qu’il était un agent infiltré par les services secrets américains. C’est le troisième Oswald. La thèse majoritaire parmi les chercheurs est donc que ceux qui ont organisé l’assassinat de Kennedy et manipulé Oswald voulaient accuser à travers lui Fidel Castro et déclencher des représailles contre Cuba, mais que Johnson a fait échouer ce plan. J’ai montré que cette thèse ne tient pas devant les preuves de l’implication de Johnson dans l’organisation de l’assassinat.
Ma théorie est que la panoplie communiste d’Oswald servait non pas à déclencher une guerre contre Cuba, et donc contre l’URSS, mais à permettre à Johnson d’intimider toutes les institutions en exigeant que l’enquête soit rapidement close, de peur que des découvertes sur l’implication de Cuba ne conduisent à une guerre nucléaire mondiale. Par ces manœuvres subtiles, la majorité des Américains sentait bien qu’on leur mentait, mais pensait que c’était pour leur bien. Le but secondaire était d’orienter les soupçons des sceptiques vers les faucons du Pentagone et de la CIA, et c’est en effet le chemin le plus fréquenté par la recherche conspirationiste sur Kennedy. On s’arrête généralement à l’idée qu’Oswald a été un pion de la CIA, ce qui est d’ailleurs un raccourci, puisque Oswald était un Marine et que sa fausse défection en URSS avait été organisée par l’Office of Naval Intelligence (ONI) et non par la CIA.
De toute manière, le rôle d’Oswald dans cette affaire est secondaire, puisqu’on sait qu’il n’a pas tué le Président. Le fameux film amateur d’Abraham Zapruder, qui a saisi l’assassinat en huit-millimètres, prouve par le mouvement de la tête de Kennedy que la balle mortelle l’a frappé de face, ce qui innocente Oswald qui se trouvait derrière la limousine présidentielle.
Étant donné qu’Oswald a été liquidé deux jours après son arrestation, la piste à suivre, si l’on veut remonter jusqu’aux commanditaires, est celle de l’homme qui a liquidé Oswald pour éviter qu’un jugement ne complique les choses en mettant en évidence l’innocence d’Oswald. Or, bizarrement, l’assassin d’Oswald a fait l’objet de très peu d’attention. Même son véritable nom est ignoré du grand public. On le connaît sous le nom de Jack Ruby, et l’on dit qu’il appartenait à la mafia de Chicago. En réalité, il s’appelait Jacob Rubenstein, et il était lié à la pègre juive. Son mentor était le gangster Mickey Cohen, successeur du parrain de Murder Incorporated, Benjamin Siegelbaum. Cohen était lui-même en contact avec Menahem Begin et très impliqué dans le trafic d’armes pour le compte de l’Irgoun, l’organisation terroriste israélienne, comme il l’écrit dans ses mémoires.
Rivarol : Vous remarquez que la communauté juive de Dallas était très impliquée dans l’organisation de la venue du Président et très implantée dans la zone de l’attentat. Est-ce un hasard selon vous ?
En effet, le voyage de Kennedy à Dallas était sponsorisé par une organisation nommée le Dallas Citizens Council, un puissant groupe d’influence dominé par des affairistes juifs – une sorte de vitrine locale du B’nai B’rith. Le comité d’accueil de Kennedy à Dallas était présidé par Sam Bloom, un membre éminent de la communauté juive texane, dont on trouva le nom dans le carnet d’adresse de Jack Ruby. C’est Bloom qui intervint auprès de la police de Dallas pour que la presse soit autorisée à filmer le transfert d’Oswald au cours duquel Ruby le liquida.
Un autre membre notoire du Dallas Citizens Council était Abraham Zapruder, l’homme qui filma l’assassinat de John Kennedy et vendit son film pour 150 000 dollars au magazine Life. Un détail intéressant est que Zapruder était un industriel du vêtement dont le siège social se trouvait dans le bâtiment nommé Dallas-Textiles Building (ou Dal-Tex). Or, selon les meilleures études balistiques, c’est dans ce bâtiment qu’était logée l’équipe de snipers qui a tiré les premiers coups de feu – sans parvenir à tuer Kennedy, ce qui a obligé l’équipe secondaire du grassy knoll à intervenir pour tirer la balle fatale.
Rivarol : Pour vous, tout désigne Israël comme l’état commanditaire du complot contre les Kennedy ? Quel était son intérêt dans l’opération ?
Mon enquête s’inscrit dans le prolongement de celle de Michael Collins Piper, à qui je rends hommage. C’est lui qui a, le premier, incriminé les réseaux israéliens dans l’assassinat de John Kennedy. Pour comprendre leur mobile, il s’est appuyé sur plusieurs livres ayant révélé, dans les années 1990, les vives tensions entre Kennedy et Ben Gourion concernant le projet secret d’Israël de se doter de la bombe atomique.
Kennedy avait comme grand projet le désarmement nucléaire du monde, et avait engagé avec Khrouchtchev un dialogue prometteur sur ce dossier. Après avoir été informé par la CIA du programme nucléaire mené par les Israéliens dans leur laboratoire de Dimona, il était fermement déterminé à faire échouer ce projet, et s’était engagé en 63 dans un bras de fer avec David Ben Gourion, qui était à la fois Premier ministre et ministre de la Défense d’Israël. Ben Gourion était convaincu qu’en voulant empêcher Israël d’acquérir la bombe, Kennedy mettait en danger la survie même de l’État juif, auquel il avait consacré sa vie entière.
Comme le montre Piper, le projet Dimona impliquait de nombreuses activités d’espionnage et de contrebande auxquelles étaient mêlés des réseaux financiers et criminels sionistes. Ils ne manquaient pas de main d’œuvre pour organiser la liquidation du Président.
Dimona était certainement la raison impérieuse pour laquelle Kennedy a été assassiné. Mais Israël avait d’autres raisons de vouloir remplacer Kennedy par Lyndon Johnson. Les frères Kennedy étaient à l’origine d’une procédure visant à contrer l’influence de l’American Zionist Council en le faisant enregistrer comme un « agent étranger », ce qui en vertu de la loi américaine aurait réduit considérablement sa capacité de nuisance. En octobre 1963, Robert Kennedy, qui était ministre de la Justice dans le gouvernement de son frère, mettait l’AZC en demeure de s’enregistrer sous 72 heures. Après l’assassinat de John Kennedy, l’AZC échappa à cette procédure en se renommant AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), devenu depuis le plus puissant lobby aux Etats-Unis.
Un troisième mobile probable du crime était le soutien de Kennedy à la cause palestinienne et sa sympathie pour le président égyptien Abdel Nasser. Pas plus tôt que le 20 novembre 1963, son représentant aux Nations Unies exigeait l’application de la Résolution 194 et le retour des 800 000 réfugiés palestiniens, causant une vive protestation dans les cercles israéliens. Kennedy avait inversé en faveur de Nasser la stratégie d’Eisenhower qui avait voulu l’isoler en privilégiant les relations avec le roi Saoud d’Arabie. Kennedy s’était toujours montré favorable au nationalisme arabe, au point d’irriter la France par son fameux discours sur l’Algérie en 1957. Après la mort de Kennedy, la politique étrangère américaine s’inversa à nouveau radicalement, sans que le public américain ne s’en rendît compte. Johnson coupa l’aide économique à l’Égypte, et augmenta l’aide militaire à Israël qui atteignit 92 millions en 1966, plus que le total de toutes les années précédentes cumulées.
Rivarol : Quel fut le rôle exact du vice-président Johnson dans la conspiration ?
Beaucoup d’Américains ont soupçonné Lyndon Johnson dès le premier jour, surtout au Texas où il était connu que son parcours politique était jonché de cadavres. De nombreux investigateurs l’ont identifié comme le cerveau de l’attentat de Dallas. Le Texas était son fief, et c’est lui qui a organisé le voyage de Kennedy à Dallas, où il a pu mobiliser des complicités haut placées pour préparer le guet-apens.
La piste de Johnson n’est pas contradictoire avec celle d’Israël, bien au contraire. Johnson a toujours été l’homme d’Israël. Ses campagnes électorales étaient financées depuis 1948 par le célèbre leveur de fonds Abraham Feinberg, qui était aussi un homme clé du projet Dimona. C’est Feinberg qui, en mobilisant ses contacts dans la presse, avait fait chanter Kennedy pour qu’il choisisse Johnson comme vice-président. Au fil des années s’est révélée l’étroite collaboration secrète de Johnson avec Israël. Les Israéliens sont d’ailleurs très candides au sujet de la politique pro-Israélienne de Johnson. Pour tout ce qu’il a fait pour Israël, Johnson reçoit régulièrement les louanges de la presse juive internationale. La Jewish Telegraphic Agency écrit en 2018 que Johnson était « le président américain le plus intensément connecté à Israël ». Certains journalistes israéliens vont jusqu’à prétendre que Johnson était secrètement juif, car issu d’une lignée juive par sa mère Rebekah Baines, mais aussi par son père, dont la sœur était membre de la Zionist Organization of America.
Quoi qu’il en soit, l’affaire du USS Liberty apporte la preuve qu’il était prêt à trahir son propre pays au profit d’Israël. Le USS Liberty était un navire non armé de la NSA qu’Israël a essayé de couler avec tout son équipage durant la Guerre des Six jours, dans le but de mettre ce crime de guerre sur le compte de l’Égypte. L’opération a échoué, car une partie de l’équipage a survécu, mais Johnson a couvert le crime d’Israël et étouffé l’affaire. Il y a même des preuves qu’il a initialement interdit à la Sixième Flotte stationnée à proximité de se porter au secours du navire. Si l’on accumule tout ce qu’a fait Johnson pour Israël – et l’assassinat de Kennedy en fait partie – on peut sans hésitation considérer que Johnson était un sayan. Cela en dit long sur l’emprise d’Israël sur les États-Unis.
En ce qui concerne les frères Kennedy, le point de départ pour comprendre l’implication de Johnson est le suivant : Johnson devint président le jour de la mort de John, et termina son mandat quelques mois après la mort de Robert. Il était au pouvoir durant les deux enquêtes qui suivirent ces assassinats. On s’est toujours interrogé sur la raison pour laquelle il avait renoncé à un second mandat après que Robert ait annoncé sa candidature. L’hypothèse qu’il ne croyait pas pouvoir gagner ne ressemble pas au bonhomme. Je pense plutôt qu’il a calculé, ou bien qu’on lui a fait comprendre que s’il avait été candidat au moment où Robert serait éliminé, il serait difficile de faire avaler au peuple américain un deuxième Kennedy éliminé sur le chemin de Johnson vers la présidence.
Rivarol : Robert Kennedy est tué par Sirhan Sirhan le 5 juin 1968 à Los Angeles où il célébrait sa victoire à la primaire démocrate de l’État et du Dakota du Sud. Elle lui ouvrait la route vers la Maison-Blanche. Là aussi le profil de l’assassin et le déroulement de l’attentat sont très étranges…
Les résultats de l’enquête officielle sur l’assassinat de Robert Kennedy sont truffés d’incohérences. Dans le film réalisé par ERTV sur la base de mes recherches, je montre que dans ces incohérences réside l’une des clés pour élucider l’assassinat de John. En effet, à partir du moment où il est démontré que Robert n’a jamais cru à la thèse officielle sur la mort de son frère, et qu’il était déterminé à rouvrir l’enquête une fois à la Maison-Blanche (et ces deux choses ont été démontrées par David Talbot dans son livre Brothers), il tombe sous le sens que ceux qui ont fait assassiner John sont les principaux suspects dans l’assassinat de Robert. Or, que dit l’enquête officielle ? Que Robert a été assassiné par un Palestinien motivé par la haine d’Israël, Sirhan Sirhan. On peut déjà remarquer que cela n’a aucun sens dans la mesure où Robert n’était certainement pas un ami d’Israël. Mais surtout, les rapports balistiques montrent qu’en réalité, Sirhan Sirhan n’a pas tué Robert, car les balles mortelles ont été tirées dans son dos, et Robert n’a jamais tourné le dos à Sirhan. On soupçonne un agent de sécurité nommé Eugene Cesar. Celui-ci n’a jamais été entendu par la police alors que des témoins l’ont vu dégainer et tirer. Par ailleurs, il est prouvé que Sirhan était dans un état hypnotique lorsqu’il a tiré. Il affirme n’avoir aucun souvenir de son acte, et des expertises psychiatriques ont établi qu’il dit vrai. Depuis cinquante ans, une équipe d’investigateurs et d’avocats, soutenus par le fils aîné de Robert, tentent de rouvrir l’enquête. Il est intéressant de noter que, dans son tout récent livre Lève-toi et tue le premier. L’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël (Grasset, 2020), l’investigateur israélien Ronan Bergman révèle qu’en 1968, l’armée israélienne expérimentait la possibilité de programmer des assassins par hypnose.
Ceux qui ont réussi à faire porter le chapeau de l’assassinat de Robert Kennedy par un Palestinien antisioniste, ont suscité chez les Américains un sentiment anti-Palestinien en même temps qu’ils se débarrassaient de Robert. Cela ne constitue pas en soi une preuve de l’implication d’Israël, mais si on le rapproche des indices conduisant vers Israël dans l’assassinat de John, on a une raison de plus de soupçonner le Mossad.
Rivarol : Faites-vous un lien entre le double assassinat et la disparition du fils de JFK, John F. Kennedy Jr., dans un accident d’avion en 1999 ?
L’accident d’avion qui coûta la vie à JFK Jr. le 16 juillet 1999, ainsi qu’à sa femme et sa belle-sœur, est très mystérieux et, en étudiant de prêt les incohérences des conclusions de l’enquête officielle, j’ai la conviction qu’il a été assassiné. Le mobile du crime est facile à trouver. En 1999, John Jr. préparait son entrée en politique. Tous ses proches savaient qu’il allait prochainement briguer un mandat électoral et que, comme son père, il avait l’intention d’aller jusqu’à la plus haute fonction. Étant donné l’immense capital de sympathie dont il bénéficiait, ses chances d’y parvenir étaient considérables.
John était loin d’être le bellâtre superficiel dépeint dans les médias. C’était un homme profondément dévoué à la mémoire et l’héritage de son père, et très informé sur la recherche autour du coup d’État de Dallas. Il n’en faisait d’ailleurs pas secret, puisqu’en octobre 1998, il avait fait paraître dans son magazine George un numéro spécial « Conspiracy issue » (« théories du complot »), comportant une interview d’Oliver Stone, le réalisateur du film JFK.
John Jr aurait débuté sa carrière politique à New York, où il avait résidé la majeure partie de sa vie. Certains de ses proches disent qu’il avait décidé de briguer le poste de sénateur de l’État de New York dès l’année 2000. C’est le poste que son oncle Robert avait occupé de 1964 à 1968, et que Daniel Moynihan, un ami de son père, allait laisser vacant à son départ en retraite en 2000. Le projet de John Jr. inquiétait beaucoup Hilary Clinton, qui, bien que n’ayant jamais résidé à New York, avait jeté son dévolu sur ce poste pour lancer sa propre carrière politique au moment où son mari s’apprêtait à quitter la Maison-Blanche. La mort de John permis ouvrit la voie à Hillary.
J’ai compilé tout un dossier sur JFK Jr. ( Le destin présidentiel brisé de John Kennedy Junior ). Pour moi, il ne fait guère de doute qu’il a été assassiné pour les mêmes raisons que son oncle : son ambition de briguer la présidence et de rouvrir l’enquête sur l’assassinat du président Kennedy. C’était la quête de sa vie.
Rivarol : On évoque une malédiction talmudique sur le clan à cause des fautes du père des deux frères assassinés, Joseph Patrick Kennedy. Quel était son crime envers le peuple juif ?
Edward Klein, l’auteur du livre intitulé La Malédiction des Kennedy, rapporte que, « selon une histoire racontée dans les cercles mystiques juifs », la malédiction des Kennedy remonterait à un incident au cours duquel Joseph Kennedy, alors ambassadeur à Londres, se serait plaint des prières ostentatoires d’un groupe de juifs hassidiques sur le pont d’un transatlantique, à la suite de quoi le rabbin aurait « lancé une malédiction condamnant toute sa progéniture mâle à un destin tragique ». Il s’agit très certainement d’une légende inventée par Klein lui-même. Ce qui est important, c’est le message crypté de cette légende : les Kennedy sont assassinés en tant qu’ennemis des juifs.
Ce message est développé de façon tout aussi subtile par un autre auteur juif, Ronald Kessler, dans Les Péchés du père, dont le titre est une référence peu discrète à Exode 20,5 : « Moi, Yahvé, ton dieu, je suis un dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants pour ceux qui me haïssent. » Le principal péché de Joseph Kennedy, selon Kessler, est d’avoir été « un antisémite avéré et un partisan de l’apaisement avec Hitler ». Et il est exact que Joseph Kennedy a soutenu la politique d’apaisement du Premier ministre britannique Neville Chamberlain en 1939, et démissionna de son poste en protestant contre les intrigues de Roosevelt pour faire entrer les États-Unis dans la guerre.
La vision des Kennedy sur la guerre était proche de celle de Charles Lindbergh, et l’on peut signaler que, le 11 mai 1962, à l’occasion d’une grande réception à la Maison-Blanche, le président Kennedy invita Charles Lindbergh et son épouse à la table présidentielle. Lindbergh vivait en reclus pestiféré depuis sa diabolisation par la presse, et Kennedy n’avait rien à gagner à un tel geste. Quand on sait que, durant l’été 1945, le jeune John Kennedy écrivait dans son journal, « dans quelques années, Hitler émergera de la haine qui l’entoure comme l’une des figures les plus significatives qui ait jamais vécu », on a des raisons de penser que, s’il avait survécu en 63 (et son frère pris le relai en 68, pourquoi pas ?), une certaine atmosphère révisionnisme se serait fait sentir. Au lieu de cela, sous Johnson, en même temps que l’expansion d’Israël par la Guerre des Six jours, on a eu l’institutionalisation de la religion de l’Holocauste.
Rivarol : Pensez-vous que la vérité éclate un jour ? Donald Trump sera-t’il l’agent de cette révélation ?
J’ai espéré jusqu’à récemment que Trump fasse émerger la vérité. Mais je n’y crois plus beaucoup. Il a bien autorisé en 2017 la déclassification de quelques archives, mais c’était une déclassification déjà prévue par la loi, et les documents importants sont restés scellés.
De toute façon, on connaît peu d’exemples où la vérité vient du pouvoir politique. Le pouvoir est plutôt doué pour le mensonge. Je ne crois pas que la vérité sur les crimes d’Israël puisse « éclater » au grand jour, étant donné le contrôle d’Israël sur l’information. Mais elle émerge progressivement, par la force du travail des chercheurs de vérité, et elle est déjà largement connue dans les pays où le contrôle sioniste n’existe pas. Le Colonel Kadhafi exprimait publiquement sa conviction que Ben Gourion avait ordonné l’assassinat de Kennedy, et il eut même l’audace de réclamer une enquête internationale à ce sujet devant l’Assemblée générale des Nations unies le 23 septembre 2009.
Paradoxalement, je pense que, si le sujet était un jour abordé dans la grande presse, cela pourrait venir d’Israël. Ce sont des journalistes juifs ou israéliens qui ont fait connaître au grand public l’affrontement entre Kennedy et Ben Gourion sur le projet Dimona, et certains l’ont fait d’une manière peu ambiguë sur l’avantage qu’a tiré Israël de la mort de Kennedy. Je suis persuadé que le fait que Ben Gourion a commandité l’assassinat de Kennedy est un secret de polichinelle dans les milieux juifs bien informés. J’en veux pour preuve un éditorial publié le 13 janvier 2012 par Andrew Adler, propriétaire du quotidien The Atlanta Jewish Times, qui en se plaignant d’Obama suggérait à Netanyahou : « Donnez le signal pour que des agents du Mossad basés aux États-Unis éliminent un président jugé inamical envers Israël, afin que le vice-président prenne sa place et dicte avec force que la politique des États-Unis inclut le fait d’aider l’État juif à annihiler ses ennemis ».
Étant donné que les Israéliens et les juifs américains sont de plus en plus décomplexés par rapport à leur influence sur le monde et à leur droit divin d’éliminer ceux qui entravent le destin grandiose d’Israël, et étant donné que d’une manière générale les Israéliens détestent les Kennedy et adorent Johnson, je ne serais pas surpris si, un jour, un journaliste israélien met publiquement au crédit de Ben Gourion le fait d’avoir débarrassé Israël de ce dangereux antisémite de Kennedy.
Un entretien paru dans le numéro 3432 de Rivarol du 8 juillet 2020.