Michel Bakounine
Michel Bakounine, né en mai 1814 à Priamoukhino près de Torjok (Empire russe) et mort le 1er juillet 1876 à Berne (Suisse), est un révolutionnaire, théoricien de l’anarchisme et philosophe.
D’origine noble, Mikhaïl Bakounine est d’abord officier d’artillerie, puis quitte l’armée pour apprendre la philosophie à l’Université de Moscou. Il s’intéresse à Kant, à Fichte, et surtout à Schelling, à la recherche d’une synthèse philosophique des sciences analytiques. Puis il se rend en Allemagne pour étudier la philosophie de Hegel. Bakounine y rencontre Arnold Hüge qui lui fait découvrir la politique active. Il considère ainsi avoir trouvé sa voie en quittant le monde artificiel des concepts pour s’engager dans la voie révolutionnaire.
Contraint de s’exiler à Paris en 1842, Bakounine rencontre Marx Engels, Proudhon et Herzen. Il participe à la Révolution de 1848 à Paris et aux émeutes de Prague et de Dresde. Arrêté et condamné à mort par les Allemands, il est gracié et livré à la police politique russe. Bakounine s’évade d’un camp de déportation de Sibérie en 1861, puis après un périple via le Japon et les États-Unis, il s’installe en Angleterre où il se rallie à la Première Internationale.
Durant cette période, Bakounine, séduit par les idées de Proudhon, élabore une nouvelle théorie politique, l’anarchisme. Il fonde une société secrète, la Fraternité Internationale, puis l’Alliance Internationale de la démocratie socialiste, mouvement qui adhère à l’AIT (Association Internationale des Travailleurs), dirigée par Karl Marx. Bakounine participe aux côtés de ce dernier à de multiples congrès révolutionnaires. Il réclame la révolution mondiale immédiate et la suppression de toutes formes d’autorité étatique.
Considéré comme un utopiste, Bakounine ne parvient pas à imposer ses vues au mouvement ouvrier et s’oppose à Karl Marx qu’il juge trop autoritaire. Il s’installe en Suisse en 1867 et se retire progressivement de la vie politique pour se consacrer à ses œuvres littéraires. Il participe néanmoins en 1871 à la Commune de Lyon et à des tentatives de soulèvement populaire en Italie. En désaccord avec l’étatisme prôné par Marx, il rompt définitivement avec lui en 1872.
Avec le socialisme, le fédéralisme et l’antimilitarisme, l’athéisme est une des composantes de l’anarchisme que Bakounine professe dans Fédéralisme, socialisme et antithéologisme, véritable profession de foi. Dans Dieu et l’État, il plaide pour le matérialisme, le rationalisme et la démocratie, tout en mettant en garde contre le risque d’une dictature de savants cautionnée par la science. Pour lui, à travers Dieu, c’est l’autorité, la hiérarchie et, au bout du compte, l’État qui sont sacralisés, permettant ainsi de justifier toutes formes d’oppression.