Don Juan, comme il se doit, coule en bonne compagnie des jours éternels en enfer. Pour l’éternité ? Pas vraiment. Car Sathan et le Démiurge, après d’âpres tractations, décident de le renvoyer séjourner sur terre. Heureux de retrouver sa vie mouvementée et sa chère Elvire, voilà qu’il arrive… en enfer ! Car la libération de ce qui fut le beau sexe l’a rendu laid et sans attrait, et Elvire, bien que toujours vive et attachante est devenue féministe. Pauvre Don Juan ! Toujours accompagné de son fidèle Sganarelle, il pose un regard désabusé mais aiguisé sur une société dans laquelle il n’a plus de place…
« Sganarelle. – Pourquoi, dès lors, monsieur, cette grise mine en ce sursis d’Enfer, qui fut enfer de privation ?
Don Juan. – Plutôt la solitude, la privation d’avec la femme, la faim, la soif, que le rassasiement avec de l’ordure, le commerce avec des choisisseuses, la luxure domestique avec des putains virilisées !
Sganarelle. – Holà monsieur, comme vous y allez ! Tout de même ici-bas, dans ce joyeux foutoir, ça grouille de proies encore possibles, il me semble !
Don Juan. – Rien n’est moins joyeux et giboyeux que ce gynécée ! Ici, l’adresse cynégétique le doit céder à la bassesse gynocratique. Mieux vaut la disette que les courbettes. »
Né en 1955, Félix Niesche est un poète et écrivain polémiste français. D’abord anarchiste, il se détournera de la gauche ultra, par suite de son opposition radicale au féminisme, qui représente à ses yeux le soubassement, le principe premier de toutes les servitudes. Il collabore à différents journaux éphémères et a publié plusieurs ouvrages : Ex-France, Fragrans feminae, Arabesques, CCCP et autres chutes,Vis comica et un recueil de poèmes, Spleen and strings. Il collabore régulièrement au site Égalité & Réconciliation et tient un blog : « Entretiens avec l’abbé Tymon de Quimonte ».