La Légende noire du Moyen-Âge – Cinq siècles de falsifications
« On se croirait au Moyen Âge ! » Qui n’a jamais entendu, et sans doute prononcé lui-même ce poncif ? Asséné sans réflexion aucune, tant il est admis qu’avant la Renaissance et les Lumières la civilisation occidentale était dans les ténèbres, il illustre parfaitement cette légende noire que l’auteur déconstruit ici, méthodiquement, sujet après sujet, de la représentation artistique à la religion, de l’organisation sociale à celle de la formation, écoles, apprentissages, universités : « Pour qu’il y ait Lumières, il avait fallu qu’il y ait eu obscurité ; pour que le changement apparaisse comme nécessaire, il avait fallu condamner les abus et les anciennes pratiques. On les tourna en ridicule, on les appela archaïques et on inventa un passé triste, inefficace, injuste, violent et sombre. »
Dans l’imagerie contemporaine, la situation du serf est réduite à celle d’un quasi-esclave : droit de cuissage, impôts en tout genre – n’est-il pas « taillable et corvéable à merci » ? –, on en arrive même à assimiler l’ « attachement à la glèbe » à une forme de vente du serf et de sa famille. On nous fait croire que les enfants ne connaissaient pas l’école, alors que les religieux s’attachaient à les instruire, chaque sujet ayant le droit d’échapper à l’ignorance afin d’exercer son libre arbitre et d’œuvrer au salut de son âme. Analysant la manière dont l’art médiéval est étudié, les mensonges et les outrances des historiens, La Légende noire du Moyen Âge remet en perspective la peinture et l’architecture d’une époque longue de mille ans qui a su allier spiritualité et sentiments humains, et rend justice à une science et à une médecine prétendument engluées dans des croyances et des dogmes les soustrayant aux rigueurs de l’intelligence. Bien loin de ces assertions véhiculées par l’ « esprit des Lumières », c’est un Moyen Âge véritablement lumineux qui nous est conté ici.
Claire Colombi est une historienne française spécialiste de l’époque médiévale. Après un passage à l’Éducation nationale, elle s’est faite l’avocate d’une période méprisée et calomniée, écrivant des articles et donnant des conférences relayés par différents sites Internet.
Préface de Marion Sigaut.