Panier

Votre panier est vide.

Menu

Georges Sorel – Réflexions sur la violence et autres textes

Les Réflexions sur la violence et autres textes de Georges SOREL sont un recueil de trois livres et articles écrits en 1907. Ses Réflexions sur la violence, les Illusions du Progrès et la Décomposition du marxisme développent une vision unique de la lutte politique et sociale, entre radicalité révolutionnaire et conservatisme historique.

Sorel écrit ses textes dans un contexte d’expansion de la social-démocratie qu’il considère comme un travestissement des idées de Marx. Sorel se moque de l’embourgeoisement des sociaux-démocrates. Ce socialisme réformiste, qui, pour gagner le pouvoir, est entré dans le jeu parlementaire et a renoncé à la Révolution, garde le vocabulaire marxiste de la lutte des classes et du prolétariat mais l’a vidé de sa substance radicale.

L’ambition de Sorel est en fait de relancer la lutte des classes et donc l’Histoire, qui devra aboutir à une Révolution prolétarienne « absolue et irréformable », selon les vœux de Marx. Il identifie les moyens pour y parvenir : le syndicalisme révolutionnaire, le mythe de la Grève Générale et la violence.

Sa théorie du mythe est empirique. Il cite les exemples du Christianisme Primitif et de son attente du retour imminent du Christ, de la Réforme Protestante et de la Révolution française. Le mythe est un imaginaire, une série d’intuitions collectives qui passionnent les masses et fondent les moments de grande bascule historique. Le grand mythe fondateur de son époque qu’il identifie est celui de la Grève Générale, qui sera le moment apocalyptique, « sublime » et cathartique des temps modernes. Elle sera l’avènement d’un Nouveau Monde débarrassé de l’État et organisé autour de producteurs libres et indépendants.

Quant à la violence, Sorel affirme qu’elle permettra de séparer de nouveau le prolétariat et la bourgeoisie, qui avaient tendance à « collaborer » au lieu de s’affronter. Or, c’est bien la lutte des classes qui constitue le moteur de l’Histoire. La collaboration de classe et le réformisme sont les moyens du pouvoir pour arrêter celle-ci, maintenir la bourgeoisie et sa domination sur les masses.

La violence prolétarienne ne sera pas particulièrement sanglante ou cruelle comme purent l’être l’Inquisition ou la Terreur des révolutionnaires bourgeois. La violence prolétarienne et la Grève Générale seront toutes militaires et organisées. Cette militarisation du prolétariat se fera par l’intermédiaire du syndicalisme révolutionnaire, resté intact des fièvres politiciennes et petites bourgeoises du socialisme parlementaire. Elle prendra comme modèle les armées révolutionnaires de l’An II au sein desquelles chacun se pensait un héros. C’est cette « individualisation héroïque » qui créera une armée de producteurs indépendants un tant soit peu « artistes ».

Sorel assimile la bourgeoisie à la classe qui a tué la religion et la morale, et par là-même tout sublime et donc tout courage. En cela, la Révolution, le syndicalisme révolutionnaire et le socialisme seront les nouveaux moteurs de la Civilisation. Comme Rome a conquis et subjugué les nations méditerranéennes pour leur apporter les aqueducs, le droit et la littérature, le socialisme, par la grande bataille d’anéantissement Napoléonienne que sera la Grève Générale, produira une nouvelle Civilisation de producteurs et une nouvelle morale : « C’est à la violence que le socialisme doit les hautes valeurs morales par lesquelles il apporte le salut au monde moderne. »

Dans Les Illusions du Progrès, Sorel réalise la généalogie de l’idéologie du Progrès, qui est l’idée dominante de la Modernité. Ainsi, il date ses prémices à la querelle des Anciens et des Modernes au sein de l’Académie Française qui eut lieu sous le règne de Louis XIV.

Sorel prend le parti des Anciens et des penseurs catholiques contre celui de Descartes et de ses successeurs des Lumières. Le cartésianisme est selon lui une des premières pierres posées sur l’autel de la médiocrité et du démocratisme bourgeois, car il permettrait à des personnes qui ne savent pas penser de croire qu’elles pensent… En tant que révolutionnaire « total », et bien que marxiste, Sorel prend donc le parti de la Tradition et du conservatisme contre l’idée du Progrès, qui fonde la Modernité bourgeoise. Son attaque contre elle est ainsi toute politique. Il explique que, comme la bourgeoisie en son temps s’est émancipée de l’idéologie dominante aristocratico-catholique avant la Révolution française, le prolétariat devra renverser l’idéologie dominante de son temps, c’est à dire l’idéologie du progrès.

Sorel déclare donc une guerre totale à la bourgeoisie, autant sur le plan économique que culturel, idéal, esthétique et moral. Contre l’encéphalogramme plat des sociétés bourgeoises, qui n’est autre que la stabilité dont a besoin le cours de bourse pour grimper de façon régulière, Sorel professe la militarisation, l’héroïsme et l’élitisme. Il fut un intellectuel qui eut un héritage immense et qui inspira autant les Bolchéviks que Mussolini. Son œuvre donne aux révolutionnaires de tous bords les armes morales et héroïques de leur émancipation, et nous rappelle que si l’on n’exerce pas une certaine violence contre le pouvoir, lui n’oubliera pas de nous infliger la sienne.

Laisser un commentaire